“Instruction; éducation. On m’élève. Oh! L’ironie de ce mot-là!...
Éducation. La chasse aux instincts. On me reproche mes défauts; on me fait honte de mes imperfections. Je ne dois pas être comme je suis, mais comme il faut. Pourquoi faut-il?...On m’incite à suivre les bons exemples; parce qu’il n’y a que les mauvais qui vous décident à agir. On m’apprend à ne pas tromper les autres; mais point à ne pas me laisser tromper. On m’inocule la raison –ils appellent ça comme ça- juste à la place du coeur. Mes entiments violents sont criminels, ou au moins déplacés; on m’enseigne à les dissimuler. De ma confiance, on fait quelque chose qui mérite d’avoir un nom: la servilité; de mon orgueil, quelque chose qui ne devrait pas en avoir: le respect humain. Le crâne déprimé par le casque d’airain de la saine philosophie, les pieds alourdis par les brodequins à semelles de plomb dont me chaussent les moralistes, je pourrai décemment, vers mon quatrième lustre, me présenter à mes semblables. J’aurai du savoir-vivre. Je regarderai passer ma vie derrière le carreau brouillé des conventions hypocrites, avec permission de la romantiser un peu, mais défense la vivre. J’aurai peur. Car il n’y a qu’une chose qu’on m’aprenne ici, je le sais! On m’apprend à avoir peur!”
(Georges Darien (1862-1921), Le Monde de l’Éducation, juillet-août 2005, p. 9)
ACTIVITÉS
- Débattre dans la classe à propos de ce texte la justesse ou non de ces arguments.
- Rédiger un texte (20-25 lignes) où les élèves exposent ce qu’est l’école pour eux et comment serait leur école idéale.
- Travailler la différence avec les élèves la différence entre peur et respect et quels seraient les moyens pour réussir à les appliquer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire