dimanche 25 septembre 2011

7.3. CONCLUSION. DÉFENDONS LES DROITS HUMAINS ET LA SOLIDARITÉ DES DIFFÉRENCES POUR COMBATTRE LE RACISME

Les choses doivent changer. Nous ne pouvons pas éduquer en regardant vers l’air de l’indifférence. Ce sera peut-être plus commode, mais c’est non-éthique.

Pendant l’Allemagne nazi l’indifférence a permis le triomphe des bourreaux de Hitler sur la dignité humaine. Dans le Trésor Littéraire nous avons incorporé deux récits de Peter Moen (texte 20) et de Zofia Nałkowska (texte 21) qui racontent le degré de cruauté des nazis envers les Juifs, les Gitans, les handicapés, et les Républicains Espagnols.

Hitler est arrivé au pouvoir à travers le vote (13,5 millions de votes le juillet 1933, un tiers de la population avec droit de vote). Deux ans plus tard, il promulgait des lois contre la population juive: la loi pour la protection du sang et la loi de citoyenneté du Reich, qu’on connaît avec le nom de Lois de Nuremberg (15-IX-1935). ““La expresión más palpable de un cambio paulatino de mentalidad que empezó a tolerar la estigmatización de los judíos y su persecución fue la aprobación, sin protesta en contra, de las leyes de Nuremberg, que imponían restricciones y obligaciones a los judíos” (Martínez de Murguía, p. 27, c’est nous qui soulignons). Les allemands semblaient –du moins tous ceux qui avaient voté...ou non?- tolérer non seulement leur stigmatisation, mais leur persécution...car presque personne ne s’était oposé à l’établissement de ces lois racistes.

Si nous sautons dans le temps, nous arrivons au mois de juin 2008, et on peut constater comment, sauf quelques manifestations antérieures des collectifs qui défendons les Droits Humains, sans aucune publicité dans les médias de persuasion, la Directrice de la Honte (Directiva da Vergoña) fut ratifiée par le Parlement Européen sans écouter réellement personne se manifester contre.

Et pourtant la Directrice contient les problèmes que nous avons vu pendant l'été 2010 avec la déportation de Gitans en France vers leurs pays. Un collectif qui a connu les champs de concentration nazis et le génocide et qui voit comment 70 ans plus tard ils connaissent à nouveau l’attaque du racisme institutionnel français comme avant (2007-2008) celui des institutions italiennes. La Directrice contient des éléments qui criminalisent les personnes migrantes...pour une seule question de documentation!

Écoutons sinon la chanson du peuple gitan qui sert de hymne:

Gelem, gelem lungone dromensar
maladilem baxtale Rromençar
A Rromalen kotar tumen aven
E chaxrençar bokhale chavençar

A Rromalen, A chavalen

J’ai parcouru, j’ai parcouru de longs chemins
j’ai trouvé des bons romà
Ah, romà, d’où venez-vous
avec les tentes et les enfants affamés

¡Ah romà, ah garçons!

Sàsa vi man bari familja
Mudardás la i Kali Lègia
Saren chindás vi Rromen vi Rromen
Maskar lenoe vi tikne chavorren

A Rromalen, A chavalen

Moi aussi j’avais une grande famille
elle fut assassinée para la Légion Noire
les hommes et les femmes déchiquetés
entre eux aussi les petits enfants

¡Ah romà, ah garçons!

Pangela la neger butar ,undivel
Te saj dikhav kaj si me manusa
Palem ka gav lungone dromençar
Ta ka phirav baxtale Rromençar

A Rromalen, A chavalen

Dieu, ouvre les portes noires
que je puisse voir mes gens.
Je retournerai et parcourrerai les chemins
et marcherai avec des bons gitans

¡Ah romà, ah garçons!

Opre Rroma isi vaxt akana
Ajde mançar sa lumáqe Rroma
O kalo muj ta e kale jakha
Kamàva len sar e kale drakha

A Rromalen, A chavalen.

Allez Gitans! C’est le moment
Venez avec moi les romà du monde
Le visage bronzé et les yeux noirs
me plaisent autant que les raisains noirs

Ah romà, ah garçons!

Et nous pourrons observer la présence de la persécution et de la mort. Serons-nous capables un jour de pouvoir comprendre les différences sans leur demander une assimilation impossible ou une intégration forcée?

En ce qui concerne le nazisme, “lo que aún sigue provocando auténtico asombro y desconcierto es el silencio, la indiferencia y la actitud de quienes miraron a otro lado y pensaron que no iba con ellos, porque, como dice Wiesel, es posible desentrañar la crueldad o el odio, pero la indiferencia resulta indescifrable” (Martínez de Murguía, pp. 22-23, o subliñado é noso).

Et voilà que le silence et l’indifférence ne peuvent pas être notre démarche.

Avant, il y avait les champs de concentration nazis pour assassiner en masse les Juis, les Gitans, les Républicains Espagnols et les handicapés. Maintenant, et sans établir de comparaisons, il y a les CIE’s (Centros de Internamento de Estranxeiros, en France Centres de Retention Administrative, CRA)[1], la plupart d’entre eux comme le constate un rapport présenté dans le même Parlement Européen constate que les normes plus essentielles de l’accueil, du respect de la dignité et des droits humains se trouvent anéanties, violées, massacrées[2]. En ce moment, des milliers de personnes survivent dans ces CIE dans toute les frontières qu’a inventé l’Europe[3]. Et ce, au nom de lois qui se disent démocratiques!!

L’image que nous ajoutons montre la quantité de CIE/CRA de l’Europe et Nord de l’Afrique, utilisé comme champ de retention par l’Europe.

Une approche interculturelle ne saurait être pleine sans faire une défense des Droits Humains et, c’est notre proposition, sans la création d’une citoyenneté universelle inclusive.

Les Droits Humains sont inhérents aux personnes. On naît avec eux. Et, nous pouvons le dire, malgré les attaques des relativistes culturels, les Droits Humains représentent une conquête pour tout le monde.

Les Droits Humains sont inaliénables, c’est dire qu’on ne peut pas nous en priver; ils sont indivisibles, c’est dire qu’ils sont tous également importants; ils sont interdépendants, c’est dire qu’ils sont tous connectés entre eux.

L’universalité des Droits Humains ne veut pas dire contester les différentes cultures le droit de maintenir ses traditions...mais les corriger et les éiminer si elles attaquent précisemment la dignité humaine.

Vous pouvez lire la déclaration dans le site suivant: http://www.un.org/es/documents/udhr

Les 30 articles exposent nos droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Le 10 décembre 1948, trois ans après la fin de la II Guerre Mondiale et des horreurs de la Shoah, où plus de 6 millions de Juifs, Gitans, homosexuels, handicapés et Républicains espagnols –toutes les personnes qui représentaient l’Autre pour le Moi nazi- ont été exterminées.

Mais, bien sûr, une chose c’est établir une loi juste et une autre bien différente qu’elle puisse s’accomplir. En lisant le petit livre de Kramer vous pourrez constater comment les pays du monde, même ceux qui ont signé la Déclaration de Droits Humains, les vulnèrent. Les droits des personnes migrantes et de minorités ethniques comme celle des gitans (romà) se trouvent, comme on l’a vu, écrasés sous le poids d’autres intérêts.

En ce qui concerne notre approche interculturelle, nous devons défendre dans nos écoles la défense de ces Droits Humains. Et si nous voudrions réellement empêcher les morts des frontières, la privation de liberté des migrants, l’indigence et le risque d’exclusion, il faudrait établir la figure de la citoyenneté universelle inclusive. Toute personne aurait ses Droits Humains et ses droits comme citoyen non sujets au libre arbitre des autorités des différents pays.

Travail

  • Lecture des textes 38 et 39 et réalisation des activités

La Démocratie du futur devrait se caractériser par le respect absolu des Droits Humains et de la citoyenneté que nous proposons. Comme le dit Ramin Jahanbegloo:

“Pour ce faire, la réussite de la démocratie chez la communauté internationale ne peut se réaliser par le moyen de politiques extérieures non démocratiques. Un système démocratique international devrait être capable de faire prévaloir la démocratie sans fomenter la guerre et la violence. Si la democratie globale est une fin et un idéal, elle doit se personnifier dans la paix et l’ordre mondial”.

(...)

“Si la démocratie équivaut a autogouvernement et autocontrôle de la société, la concession de pouvoir à la société civile et la capacité collective pour le gouvernement démocratique constituent des composantes essentielles du bon gouvernement démocratique. Par conséquent, la démocratie et la non-violence sont inséparables”.

(...)

“Parce que la vie est beaucoup plus que la simple satisfaction des désirs. Il existe un horizon éthique de responsabilité sans lequel la vie en commun n’a pas de sens (Texte 13 Trésor Littéraire)

“Il existe un horizon éthique de responsabilité sans lequel la vie en commun n’a pas de sens”, grande pensée qui devrait guider aussi notre responsabilité comme éducateurs.

Et cette responsabilité nous engage à faire entendre que n’importe quelle matière doit contribuer à l’interculturel. La défense commence avec le respect et la solidarité des différences.

Voyez, par exemple, Adan, le garçon musulman, et Ève, la fille juive, qui commencent d’abord par manifester les préjugés et les stéréotypes qui définissent les Musulmans et les Juifs (texte 45), et décident d’affronter leur désir de devenir des amis en connaissant mieux l’autre.

Et ainsi, nous voyons comment le MOI devient l’AUTRE de façon réciproque. D’abord, Ève va chez Adan et elle a une énorme curiosité. Par exemple, l’épisode des chaussures des invités devant la porte de l’entrée (texte 46). Ensuite, le choc culturel: la zone pour hommes et la zone pour femmes (texte 47). Après, l’épisode de la visite qu’Ève déguisée fait à une médersa, une école coranique, et comment elle procède aux ablutions (texte 48). Après cette première phase vient la deuxième, la réciprocité d’Adan qui va chez Ève. Là, le conflit semble surgir avec la nourriture parce qu’Adan croit que la viande n’est pas halal [on sacrifie l’animal en regardant vers la Mecque], mais le père d’Ève vient l’aider et le conflict disparaît...la soupe kosher se rencontre avec le halal...Peu à peu les deux amis décident ne pas se séparer et défier les barrières que le monde impose. La rencontre est bien possible. Elle ne dépend que de la connaissance, du savoir et du désir de savoir vivre avec l’autre qui est différent en trouvant ce qui les rassamble.

L’Islam n’est pas intégrisme religieux. Et, pour combattre l’islamophobie existente, pleine de préjugés et de stéréotypes, c’est la raison de la traduction de livre de Tahar Ben Jelloun.

Il est vrai que c’est une religion, mais les impositions sont plutôt un aspect des interprètes du Coran.

Il ne faut pas lire le livre comme une preuve de religiosité de l’auteur du travail que le lectteur a entre ses mains. Au contraire, il est athée. Mais il n’ignore pas que l’ignorance provoque de veritables bêtises autour de l’image des Musulmans en les accusant de tout les malheurs –en les rassamblant avec les Gitans- de cette société capitaliste.

Le dialogue interculturel doit avoir en compte la dimension religieuse. La faire comprendre...non pour l’introduire dans la pratique quotidienne, mais pour démonter les préjugés et les idées toutes faites sur l’islam. En ce sens, enseigner la philosophie des différentes religions, non les rendre des confessions. C’est-à-dire, l’école publique doit être neutre. Elle ne doit pas exhiber de religion dans les classes. Un enseignement laïc est la meilleure source pour avancer dans l’interculturel (en incluant la connaissance religieuse en tant que tradition de pensée pour de grands secteurs de la population), car tout doit être compris, non intégré.

“La lutte contre le racisme doit être un réflexe quotidien. Notre vigilance ne doit jamais baisser. Il faut commencer par donner l’exemple et faire attention aux mots qu’on utilise. Les mots sont dangereux. Certains sont employés pour blesser, pour nourrir la méfiance et même la haine. D’autres sont détournés de leur sens profond et alimentent des intentions de hiérarchie et de discrimination. D’autres sont beaux et heureux. Il faut renoncer aux idées toutes faites, à certains dictons et proverbes qui vont dans le sens de la généralisation et par conséquent du racisme. Il faudra arriver à éliminer de ton vocabulaire des expressions porteuses d’idées fausses et pernicieuses. La lutte contre le racisme commence avec le travail sur le langage. Cette lutte nécessite par ailleurs de la volonté, de la perséverance et de l’imagination. Il ne suffit plus de s’indigner face à un discours ou un comportement raciste. Il faut agir, ne pas laisser passer une dérive à caractère raciste. Ne jamais se dire: “Ce n’est pas grave!” Si on laisse faire et dire, on permet au racisme de prospérer et de se développer même chez des personnes qui auraient pu éviter de sombrer dans ce fléau. En ne réagissant pas, en n’agissant pas, on rend le racisme banal et arrogant” (Le Racisme, pp. 61-62)

“En respectant un être, on rend hommage, à travers lui, à la vie dans tout ce qu’elle a de beau, de merveilleux, de différent et d’inattendu. On témoigne du respect pour soi-même en traitant les autres dignement” (p. 63)



[1] À propos des Centres de Retention Administrative, nous vous prions de consulter les rapports de la Cimade. En 2007, dans les 24 CRA il y avait 35 000 migrants enfermés. Dans le rapport 2007 ils nous informaient d’un fait inhumain: “Au mois d’octobre 2007, le placement en rétention d’un nourrisson de 3 semaines au centre de rétention de Rennes est venu illustrer à nouveau l’inhumanité de l’enfermement des familles et des mineurs” (p. 3). “En 2007, 242 enfants de tous âges sont passés derrière les grilles et les barbelés des centres de rétention français”, p. 4. Cette même inhumanité se manifeste dans les CIE’s d’Espagne comme nous l’avons dénoncé dès le Foro Galego de Inmigración.

[2] Titre du Rapport: Conditions des ressortissants de pays tiers retenus dans des centres (camps de détention, centres ouverts, ainsi que des zones de transit), avec une attention particulière portée aux services et moyens en faveurs des personnes aux besoins spécifiques au sein des 25 Etats Membres de l’Union Européenne, REF: IP/C/LIBE/IC/2006-181. présenté au Parlement le mois de décembre 2007. À propos de l’Espagne ils disent même que “le renforcement des contrôles des frontières et la mise en marche d’une politique restrictive pour l’entrée dans le territoire eurent des conséquences dramatiques: des expulsions arbitraires de ressortissants d’Amérique Latine qui arrivaient en avion, multiplication du nombre de naurages et de morts de migrants qui prennent la voie maritime en venant du Maghreb et des pays de l’Afrique du Sahel” (p. 77)

[3] Un Rapport d’Amnistie Internationale 2008, nous infrome sur la situation de personnes que l’on rejette dans la frontière.

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