dimanche 16 janvier 2011

6.1. LE PROCÈS DE L’IDENTITÉ

6.1. LE PROCÈS DE L’IDENTITÉ

Chercher notre identité, telle est la quête des personnes, surtout si elles habitent sous la force de domination capitaliste. Et quand nous parlons de l’interculturel, c’est bien sûr le concept identité qui va apparaître comme idée dominante.

L’ identité, ça veut dire se mettre en relief: être différent et unique grâce à cette différence. En ce sens-là, prise comme recherche obsessionnelle, l’identité se charge de négativité, car, comme l’affirme Bauman (p. 10), elle ne sert qu’à séparer et a diviser. Mais, alors, comment faire? Nous devons trouver la façon de chercher nos racines sans aplanir la terre autour d’elles.

Est-ce la communauté qui nous donne la possibilité d’être et avoir des racines? Quelques exemples de la société actuelle semblent dire “oui”. Mais, quelle communauté? Nous savons qu’il existe aujourd’hui des communautés fermées, étroitement surveillées par des gardiens et des moyens électroniques et qui gaspillent bien de l’argent à se maintenir distancés de toutes les personnes qui ne peuvent pas appartenir à leur communauté. On tend à les considérer communauté de riches, ou nouveaux riches. Cette communauté prétend établir une réalité artificielle, mais bien réelle. Les membres fréquentent les mêmes espaces, ils vont à la même école et ils semblent partager les mêmes choix de vie.

Mais, même s’ils cherchent à s’isoler, nous nous résistons à employer les noms de ségregation ou ghettos pour identifier leur pratique. En effet, la ségrégation et le ghettos ne répondent pas à a un désir des personnes: elles se voiient obligées. La ségrégation et les ghettos sont des conséquences de la discrimination et du racisme de la société où ils se manifestent.

Devons-nous éduquer ainsi? Notre réponse est, bien sûr, non. La compréhension de l’interculturel doit se réaliser en ayant comme facteur essentiel la vie partagée par la plupart des personnes de notre société. Bauman a bien raison quand il dit que “este modelo no puede difundirse, diseminarse, compatirse de forma universal” (p. 51). En effet, les habitants de ces communautés de riches échappent des liens affectifs de la “communauté réelle”, et pourtant ce sera leur politique ou leur activité économique qui va avoir une énorme et décisive influence dans la façon de vivre les relations sociales dans ce que nous nommons la “communauté réelle”. Cette contradiction est la base même de la confrontation socioéconomique: le triomphe de l’individualité face aux besoins de la collectivité.

En effet, les égo-individus vivent dans le refuge de la méritocratie pour expliquer leur succès et leur désir de ségregation (ce sont tous les autres qui vivent empêchés de partager leur succès). Cette individualité capitaliste qui s’appuie, bien sûr, sur la possession de biens économiques et matériaux s’est faite sur le corps des besoins de la collectivité, de la plupart des personnes de cette société. Ils sont la cause de la progressive destruction de l’état du bien-être, de la constante privatisation des services publics[1]. Eux, les égo-individus, ils n’en ont pas besoin: ils ont de l’argent pour se payer tout ce qu’ils veulent.

C’est un autre modèle que nous voulons enseigner. Un modèle qui ne renonce pas au bien public. Avec des services publics de qualité, efficaces et efficients. C’est la meilleure manière de redistribuer la richesse. C’est un modèle collectif, où la responsabilité et la participation des personnes est une réalité.

Nous sommes pour la rencontre et le dialogue des personnes, de toutes les personnes...au moins de la grande majorité.

L’identité est un procès en construction. Il ne s’agit pas d’une porte mise sous clé. Toujours incomplet et nous croyons que ce doit être toujours ainsi. Une identité tissée au sein d’une communauté éthique, où nous avons des compromis à long terme, des droits inaliénables et des devoirs obligatoires (vid, Bauman, p. 67).

Travail

    • Lisez les textes 22, 23, 24, 25, 26, 28, 29 du Trésor Littéraire (vous pouvez faire des choix en fonction de l’aspect identitaire que vous voulez travailler) et faites les activités prévues sur le concept identité.

Le parcours que nous offrons s’enfonce dans le bois d’une politique de la différence qui s’éloigne de la simple demande de reconnaissance de cette différence. Et il s’approche de la politique sociale de l’égalité, c’est-à-dire, nous intégrons la différence dans une démarche politique qui veut lier la différence dans la demande politique de redistribution, de la justice sociale.

Travail

    • Lisez les textes 35 et 36 du Trésor Littéraire, où nous voyons des exemples de rupture de la reconnaissance de la différence à cause de la peur, de la crainte. Les personnes migrantes ne veulent que vivre en paix en maintenant leur dignité et tous les droits inhérents à leur condition humaine.

Si on reste dans la politique de la différence en tant que reconnaissance différentielle de l’identité et de la culture du sujet, on court le risque de naufrager dans le sectarisme et dans la démarche, il faut le dire, du multiculturalisme[2]. Or, nous voulons franchir le pas postmoderniste.

Travail

    • Lisez les textes 40, 41, et 42 puis faites les activités qui figurent après le texte 42.

La redistribution que l’on demande au nom de l’égalité est un mécanisme d’intégration, tandis que les revendications de reconnaissance réduites à la simple distinction culturelle poussent la division, la séparation et la rupture du dialogue (Bauman, p. 73).

C’est agir de façon différente au relativisme postmoderniste. En effet, la demande de redistribution et de justice sociale doivent être les fondaments essentiels de la vie en démocratie. C’est de l’éthique.

La demande de reconnaissance se fait pour exiger le droit à la participation politique et sociale de la même façon que le fait chaque citoyen. C’est la reconnaissance d’un droit[3].

Nous exemplifions avec un cas fréquent en Espagne. Les personnes inmigrantes ne peuvent pas se réunir avec leur famille de façon naturelle (même si c’est pour les inviter pendant quelques jours): elles doivent affronter un tas de tâches administratives penibles et, même si elles ont réalisé tout ce que la Loi d’Inmigration leur exige, il arrive que la police, à l’aéroport de Barajas (Madrid), agisse de manière très arbitraire et refuse l’entrée dans le territoire espagnol de la famille (presque 10.000 personnes en 2009). Notre démarche politique, en ce cas-là, est intégrer la différence (être immigrant) dans une demande d’égalité envers les Espagnols qui ne connaissent pas cette action discriminatoire. C’est exiger de la justice sociale.


[1] “La nueva elite, con suficientes coches privados como para no preocuparse por el penoso estado del transporte público, verdaderamente retiró tras de sí los puentes que cruzaron sus padres, pero también olvidó que tales puentes fueron socialmente construidos y mantenidos y que, de no haber sido así, difícilmente hubieran desembarcado donde se encuentran ahora”, Bauman, p. 57.

[2] Réaliser ce que nous proposons, “puede tener un efecto desintoxicador: puede eliminar el veneno del sectarismo (con todas sus consecuencias escasamente atractivas: separación física o social, ruptura de la comunicación, hostilidades que se autoperpetúan y se exacerban mutuamente) del aguijon de las reivindicaciones de reconocimiento”, Bauman, pp. 72-73. Pour une critique du multiculturalisme, lisez Bauman, p. 75.

[3] Le libre coordonné par Mónica Torres représente un bon exemple de ce que nous exposons. Ainsi, entre les droits sociaux à exiger et à conquérir figurent: le droit au travail (pp. 63-92), le droit à l’éducation (pp. 93-109), le droit à la santé (pp. 111-133), le droit au logement (pp., 135-160). Pisarello introduit d’autres droits comme mécanisme de création d’une citoyenneté inclusive et plurielle: accès à la nationalité, la réunification familiale. De notre côté, nous voulons ajouter le droit actif et passif au vote.

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