mercredi 2 février 2011

5.1.1. STÉRÉOTYPES ET PRÉJUGÉS


Tout d’abord, même s’il existe la tendance de les mettre en synonymie, il faut différencier les deux concepts. Par exemple chez De Carlo (pp. 82-83), qui part de Clara Gallini, nous ne voyons pas, au début, une claire délimitation épistémique entre les deux.

Lisons Clara Gallini pour comprendre les motifs de De Carlo (p. 83):

“Par rapport aux contenus mêmes des préjugés il est important de rappeler qu’il ne s’agit pas de remplacer par la vérité un mensonge, puisqu’un préjugé n’est ni vrai ni faux, tout en étant réel et tout en ayant des conséquences réelles. Il s’agit plutôt d’une construction culturelle, qui élabore des matériaux symboliques, souvent sous forme de stéréotypes dont la nature n’est pas rationnelle ou cognitive, mais constitutive d’identités individuelles et collectives”

Il semblerait que le stéréotype soit un préjugé renforcé.

Un préjugé est avant tout une idée aprioristique à propos d’un aspect de la réalité. Dans notre cas, à propos de l’Autre différent, des personnes inmigrées, des collectifs connotés ethniquement. C’est une idée-image dévalorisante que nous nous faisons de l’Autre sans le connaître. Elle est antérieure à toute expérience. C’est un obstacle pour l’établissement de la vérité. Mais, et c’est là la différence que nous établissons avec le stéréotype: c’est une idée qui peut, qui doit se modifier, lors de la reconnaissance et de la mise en marche du dialogue et de la compréhension des différences. C’est-à-dire, c’est une image plutôt individuelle et nous pouvons la modifier si les instruments précis sont installés dans mon savoir-être et savoir-faire.

Un stéréotype existe malgré l’individu. Et nous croyons qu’il n’est jamais neutre puisqu’il situe le point de vue en perspective hiérarchisante. Le stéréotype généralise de façon négative l’adscription des personnes à un groupe détérminé. Lors de l’application du questionnaire à propos des stéréotypes dans un lycée de Saint-Jacques de Compostelle nous avons pu voir comment des groupes ethniques tels que “mulatas” (métisses) etaient catégorisés comme “zorras”, “putas”, en manifestant -sans le mur du tabou- le stéréotype divulgué par les médias et par la famille; les gitans étant considérés aussi comme “sucios” (sales), “ladróns” (voleurs) et les roumains comme “ladróns”.

La base étant si instable, nous pouvons travailler pour faire comprendre l’erreur de la stéréotipation et du jugement négatif qu’il comporte. C’est-à-dire, nous serons capable, peut-être de modifier le jugement chez une personne, mais non l’existence du stéréotype qui poursuivra son chemin malgré nous. Et ceci parce qu’il semblerait selon les anthropologues que l’être humain marque son indentité en fonction d’une stéréotypation de sa réalité envers l’AUTRE. C’est la base de l’ethnocentrisme: poser mon propre groupe comme possesseur de la plénitude et de situer les autres en infériorité. (De Carlo, p. 87). Cette circonstance nous mêne à différencier l’atteinte épistémique du stéréotype par rapport au préjugé. Nous sommes d’accord avec De Carlo lorsqu’elle met en relation étroite stéréotype et formation de l’identité (p. 88)

Travail.-

    1. Audiovisuel.- Vous pouvez voir le documentaire, Amigo no gima et travailler les concepts des stéréotypes et des préjugés. Si vous avez des problèmes pour avoir ce documentaire, veuillez vous adresser à l’auteur de ce travail. Pour travailler le documentaire, nous vous proposons les activités qui figurent dans l’Unité didactique, Dans chaque visage, l’égalité (En cada rostro igualdade), préparée par le Foro de Inmigración de Saint-Jacques de Compostelle.
    2. Travail en groupe. Faire une analyse suivie du traitement des informations relatives à l’immigration pendant un ou deux mois, puis réaliser un rapport.
    3. Lisez les textes 31 et 32 du Trésor Littéraire puis faites les activités.

Maintenant, nous vous laissons avec quelques témoignages sur la perception que l’Autre a du pays où il se trouve (Espagne, Galice):

Nene, le garçon gitan, nous raconte comment il se sent tous les jours:

“Bonjour à tous. Vous savez que je suis gitan. Je suis né ici, à côté de l’école, comme mon papa, ma maman, et mes grands-parents et pourtant pour les gens de la ville et pour beaucoup de gens, nous sommes des étrangers. Je ne comprends pas. Quand je me promène par la rue, les gens m’évitent en croisant la rue. Ils ont peur de moi. Ils croient que je vais les attaquer ou les voler. Pourtant, je n’ai jamais volé. On me regarde avec du mépris même.

Et maintenant écoutons une personne qui s’exprime dans le livre coordonné par Teresa Ondina:

“Moi, ce que je n’aime pas, c’est qu’ils croient que nous ne savons rien. Venir d’autres pays ne signifie pas que nous venons pour voler, nous venons pour progresser, pour nous sentir plus commodes et tout ça. Je n’aime pas qu’on pense que nous sommes des handicapés”

un autre texte de ce livre:

“...Et c’est toujours injuste, parce que à un Espagnol travaille toujours les heures convenues; par contre, à un Latinoaméricain on lui augmente les heures et on lui paye moins d’argent.”

et encore ce témoignage:

“Mes premiers sentiments en Espagne ont été de grande confusion. Je me suis senti très mal. Je n’aimais pas. Je voulais retourner chez moi, je me sentais rare et je ne pouvais pas dormir. Ici, si tu es latinoaméricain tu te sens plus discriminé. Les gens me regardaient mal. Dans les classes, mes compagnons m’adressaient des notes avec émigrant et des trucs comme ça. Dans la classe de géographie d’Espagne, dont j’ignorais tout quand je suis arrivé, la professeure de géographie m’obligeait beaucoup plus à moi, tu sais?”

Travail.

Rédaction. Comment se sentent vos élèves? Perçoivent-ils qu’on les traite avec des préjugés et des stéréotypes? Est-ce qu’ils commencent à être conscients de l’importance du choix de mots pour définir les personnes?

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