dimanche 28 novembre 2010

5.1. EST-CE QUE JE SUIS RACISTE?

5.1. EST-CE QUE JE SUIS RACISTE?

En 2004, au moment de présenter les conclusions d’une recherche indépendante -c‘est-à-dire, non officielle- sur le traitement de l’immigration dans la presse espagnole et galicienne, nous avons rédigé notre rapport en commençant avec les mots suivants[1]:

“Le mot compromet. Et il nous fait mal quand sa voix se brise en des détours suspects. Il fait mal parce que le mot verse son existence dans la relation qu’il établit entre les êtres humains. Et ce détour empêche la fluidité et la normalité de la relation. La présence d’un mot au lieu d’un autre n’est pas banale. Non, elle obéit à de circonstances sémantiques, idéologiques et pragmatiques”

[“A palabra compromete. E doe cando a súa voz se quebra en xiros sospeitosos. Doe porque a palabra verte a súa existencia na relación que establece entre os seres humanos. E ese xiro impide a fluidez e a normalidade da relación. A presencia dunha palabra determinada en vez doutra non é banalidade. Non, obedece a circunstancias semánticas, ideolóxicas e pragmáticas”]

Écoutons Tahar Ben Jelloun:

“On dira que les Noirs sont “robustes mais paresseux, gourmands et malpropres”; on dira que les Chinois sont “petits, égoïstes et cruels”, on dira que les Arabes sont “fourbes, agressifs et traîtres”, on dira “c’est du travail arabe” pour caractériser un travail bâclé; on dira que les Turcs sont “forts et brutaux”; on afflubera les Juifs des pires défauts physiques et moraux pour tenter de justifier leurs persécutions...Les exemples abondent. Des Noirs diront que les Blancs ont un drôle d’odeur, des Asiatiques diront que les Noirs sont des sauvages, etc. Il faut chasser de ton vocabulaire ces expressions toutes faites, du genre “tête de Turc”, “travail arabe”, “rire jaune”, “trimer comme un nègre”, etc.” (Le Racisme, p. 35)

Le langage est très dangereux. Les mots qu’on utilise définissent notre point de vue sur le monde et sur les personnes. Tahar Ben Jelloun en connaît bien et il expose de nombreux faits du langage qui prétendent répondre à la réalité. Mais pour nous, c’est du faux, même si quelques chercheurs semblent concéder aux stéreotypes une espèce de bonté sociologique. Nous n’aimons pas les généralisations. Il y a, bien sûr, des contextes où il est nécesaire appliquer le procès de généralisation parce que nous devons synthétiser. Par exemple, on pourra dire “le football est un sport de masses”. Il se peut que ce ne soit pas toujours ainsi, mais cette généralisation ne blesse pas. Quand on se réfère aux personnes...on ne devrait jamais prononcer ces phrases toutes faites. Elles nous conduisent directement vers la discrimination et le racisme.

Nous sommes ce que nous pensons, mais aussi ce que nous disons. Le titre de cette partie le dit, est-ce que je suis raciste?. Il y des gens qui ne sont pas conscients des dangers du langage. Et, malheureusement, tout commence à l’école et dans la famille. Mais, comme on le dit plus haut, la problématique et la solution touchent toute la société.

Tahar Ben Jelloun en donne d’autres exemples, de “généralisations stupides: les Écossais sont avares, les Belges pas très malins, les Gitans voleurs, les Asiatiques sournois, etc. Toute généralisation est imbécile et source d’erreur. C’est pour ça qu’il ne faut jamais dire: “Les Arabes sont ceci ou cela”, “Les Français sont comme ci ou comme ça...”, etc. Le raciste est celui qui généralise à partir d’un cas particulier. S’il est volé par un Arabe, il en conclura que tous les Arabes sont des voleurs.” (Le Racisme, p. 36)

Au début de ce travail, on a exposé le questionnaire à réaliser pour voir comment se trouve la situation des préjugés et des stéréotypes dans vos élèves. C’est l’occasion, maintenant, et toujours sans prêcher, de déconstruire toutes les idées préconçues qu’ils ont laissées écrites dans leurs réponses.

Il s’agit d’une question capitale pour éviter la propagation du racisme. Le 29 août 2010, le journal Galicia Hoxe informait sur les mots qu’un dirigeant du Bundesbank, Thilo Sarrazin, a écrit dans un livre au titre peu heureux que nous pouvons traduire comme L’Allemagne échoue (p. 20). Selon ce journal, l’auteur affirme que la société allemande est en train de remettre son identité aux immigrants musulmans. Une véritable boutade! Encore une fois, nous voyons comment une personne considère la culture allemande comme homogène, en ignorant la diversité culturelle et les normes essentielles de la convivence pacifique. Et il faut bien dire qu’il s’agit d’un livre raciste et non d’un “livre polémique” (polémico libro) si on considère ses mots: “Je ne veux pas que les pays de mes petits-fils et de mes arrière-petit-fils soit un pays la plupart musulman, où on parle surtout l’arabe et le turc, et où les femmes portent le voile et où la vie quotidienne est marquée par l’appel du muezzin”. Ceci est, bien sûr, un mensonge qui cherche à troubler les relations entre les voisins qui habittent en Allemagne. C’est de l’islamophobie (la haine envers l’islam et tout ce qui est musulman et arabe, même si, comme nous pouvons le lire dans le livre de Tahar Ben Jelloun que nous avons traduit au galicien, c’est une erreur confondre les trois termes; lisez, par exemple, les pages 74-76) qui se manifeste dans ce livre qui, en vérité, ne devrait jamais sortir de presse car il servira, malheureusement, pour nourrir les désirs de certains secteurs de la société allemande de trouver un bouc émissaire afin de l’accuser de tous les problèmes du pays (qui ne sont autre chose que les problèmes provoqués par les système capitaliste). Mais la présence des préjugés, des stéreotypes, de la dicrimination et du racisme se trouvent bien présents en Europe.

En 1992, Balibar écrivait un article en se demandant s’il existait un racisme européen. Voyez bien que presque vingt ans sont passés. Et pourtant, Balibar, ainsi que beaucoup de penseurs comme Wieviorka, Touraine, Naïr, Galeano, avait vu juste en situant l“intensificación y expansión” du racisme dans tout le continent européen (1992) comme “una reacción a una situación de bloqueo social e impotencia política. (...). El racismo y el neofascismo en Europa hoy son efectos coyunturales de las contradicciones insolubles en que, pese a su aparente triunfo, se hallan inmersas la economía neoliberal y sobre todo el sistema político representativo” (pp. 46-47).

Voyez comment la suivante affirmation de Balibar prévoit les mots du dirigeant du Bundesbank cités ci-dessus, lesquels, avant et aujourd’hui, “son ampliamente admitidos por numerosos estratos en todas las clases sociales, aun si sus formas extremas generalmente no son aprobadas (¿o todavía no lo son?): en especial, la idea de que la presencia de gran cantidad de extranjeros o inmigrantes supondría un riesgo para el nivel de vida, el empleo, la paz pública, y la idea de que ciertas diferencias culturales –a veces, demasiado modestas- constituirían obstáculos insuperables para la convivencia, e inclusive amenazarían con “desnaturalizar” nuestras identidades tradicionales” (p. 49)

Triste, n’est-ce pas? Voir que tout ce qu’a souffert le monde pendant les années 1939-1945 n’a servi pour presque rien en ce qui concerne le respect envers l’autre et la coexistence pacifique.

Nous devons maintenant voir les concepts et les idées qui définissent un comportement raciste.


[1] Le travail en question ainsi que les tables de résultats de la recherche ont été imprimés et distribués para le Foro de Inmigración de Saint-Jacques de Compostelle, mais ils n’ont pas connu un édition standard. Mais le travail a servi de base pour une recherche de la Croix rousse espagnole et l’Université de Vigo dont la référence se trouve dans la bibliographie. Si quelqu’un veut connaître les conclusions de ce travail, veuillez nous adresser un courriel à: iograr@yahoo.es.

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